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Presse /

Festival Sens Interdits /

Oct. 2015

Presse / Festival Sens Interdits

"Mouvement"

Article du 28 Oct. 2015

Saute-Frontière

Nimis Groupe

Par Aïnhoa Jean-Calmettes publié le 28 oct. 2015

 

Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut être pas vus du Nimis groupe est une réflexion scénique, en forme de patchwork, sur les frontières européennes. Une jolie découverte du festival lyonnais Sens interdit. 

 

Ils sont 13 sur scène. 7 hommes, 6 femmes. 8 acteurs professionnels, 1 qui aurait pu l’être, 3 amateurs. 5 jupes, 8 pantalons. 1 blond, 12 bruns. 1 Suédoise, 3 Belges, 3 Français, 1 Guinéenne, 1 Congolaise, 1 Camerounais, 1 Algérien et 1 Sénégalais.

 

L’identité se décline ainsi, multiple. Si ce n’est que 6 de ces artistes pourraient être expulsés d’Europe du jour au lendemain. Cette distinction est totalitaire : elle vient tracer sur le plateau une ligne de démarcation entre l’Europe et le reste du monde. C’est cette frontière qu’une heure quarante durant, le Nimis groupe s’amusera à dé- puis re- tricoter.

En enchaînant les micro-scénettes et diversifiant ses manières d’aborder la question, le Nimis Groupe prouve qu’il excelle dans l’art du patchwork. 

Et qu’il sait jouer de l’abrupte des transitions sans perdre ses spectateurs. Matières et registres s’entremêlent : témoignages (migrants et médecin de Lampedusa), discours politiques déchiquetés, procédures d’asiles disséquées, entretiens préalables rejoués.

 

Le tout orchestré par une voix off (qu’ils appellent l’hôtesse de l’air) qui vient rappeler, quand bon lui semble, que le spectacle lui-même, en accueillant des artistes sans papiers, flirte avec la légalité. Sous la fiction, la réalité n’est jamais loin et dans ce va-et-vient, l’absurdité des politiques européennes crie.

 

Avant ce spectacle, on avait des doutes quant à la possibilité de rire de la transformation de l’Europe en forteresse. Mais dans la salle, les rires s’élèvent. Petitement d’abord, épars et maladroit, dépareillés. Puis plus légers. Un rire aux confins du désespoir, certes, mais la salle avec lui, se met en mouvement. Quelque chose se dessine. Cette résistance par le rire prendra-t-elle corps sous une autre forme, une fois sortie de la salle de spectacle ?

 

http://mouvement.net/critiques/critiques/saute-frontieres

Presse / Festival Sens Interdits

FranceTVinfo.fr

Article du 23 Oct. 2015

Le festival Sens Interdits fait circuler les idées et les hommes 

Par Odile Morain @Culturebox

Mis à jour le 23/10/2015 à 18H58, publié le 23/10/2015 à 16H59

 

Nimis Groupe, le collectif belge présente sa dernière création "Ceux que j'ai rencontrés ne m'ont peut-être pas vu" au Festival Sens Interdits de Lyon

 

La quatrième édition du festival Sens Interdits de Lyon met pendant une semaine le théâtre d'idées et d'urgence en action. Jusqu'au 28 octobre 2015, les thématiques de mémoires, d'identité et de résistances se bousculent dans les salles obscures. Le groupe belge Nimis s'empare de manière frontale des politiques migratoires européennes. Sur scène, comédiens et demandeurs d'asile jouent leur vécu. 

 

Migration, exil et exclusion, depuis trois ans, le Nimis Groupe ausculte les politiques migratoires européennes. Dernière création en date, "Ceux que j'ai rencontrés ne m'ont peut-être pas vu" dissèque avec humour et gravité des scènes absurdes de vérité que vivent les réfugiés au quotidien.Pour incarner ces hommes et ces femmes, les metteurs en scène ont fait appel à des demandeurs d'asile pour jouer leur propre histoire. Invitée dans le cadre du festival Sens Interdits de Lyon, la petite troupe a transformé la scène du théâtre de la Croix-Rousse en territoire européen : coloré, changeant et vivant.

 

"Tout homme a droit à la vie"

Sur le plateau, Noirs ou Blancs s'échinent à trouver un moyen de sortir la tête de l'eau. Accompagné de six demandeurs d’asile qui jouent leur propre rôle, les metteurs en scène du groupe Nimis montrent des horreurs banalisées par des écrans de télé ou des réseaux sociaux.Les mots, le théâtre, le jeu et la mise en scène possèdent une puissance plus forte et directe pour toucher le public. "Ca permet de réfléchir et de prendre un peu de recul sur ce qu'on voit dans l'immédiateté de l'actualité" explique un spectateur

 

Le théâtre pour dire ce qui ne tourne pas rond

Depuis quatre ans, à l'initiative du théâtre des Célestins, la ville de Lyon prend pendant une semaine un petit air qui fleure une douce odeur révolutionnaire."Sens Interdits" ne s'interdit rien, surtout pas le droit d'inviter des artistes atypiques à démarche singulière et poil à gratter. Le festival est surtout l'occasion d'aborder des sujets de société douloureux qui mettent certaines populations à l'écart."Le théâtre est encore une arme pour ceux qui ont envie de donner la parole à quelqu'un et simplement restituer une mémoire qui a été étouffée et baffouée" souligne Patrick Penot, le directeur artistique du festival.

 

Dialogues et échanges d'idées

Sur scène, on parle du passé et du présent, d'urgence et de nécessité sans propagande et sans prosélytisme. "Je pense que le langage théâtral peut sensibiliser d'une manière bien plus incisive que n'importe quel discours" explique une femme présente dans la salle. 

 

http://culturebox.francetvinfo.fr/scenes/theatre/le-festival-sens-interdits-fait-circuler-les-idees-et-les-hommes-229717

Presse/Festival Sens Interdits

L'envolée Culturelle

Article du 23 Oct. 2015

 

Le Nimis Groupe : Pour que ceux que j’ai rencontrés puissent me voir

Dans le cadre du Festival Sens Interdits, les quatorze comédiens du Nimis Groupe ont présenté Ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu, les 21 et 22 octobre au Théâtre de la Croix Rousse. Ce collectif constitué d’anciens élèves du Théâtre National de Bretagne et du Conservatoire Royal de Liège, s’est formé il y a cinq ans autour d’un questionnement citoyen : alors que l’union européenne valorise et finance des échanges culturels internationaux, elle investit également énormément d’argent pour l’expulsion des migrants et la protection des frontières. C’est d’une rencontre forte avec six demandeurs d’asiles et réfugiés que naît la volonté de créer un spectacle qui donne la parole à ceux qui, isolés dans les centres de réfugiés, sont parfois fantasmés par les Européens qui méconnaissent leur quotidien. La forme présentée au Théâtre de la Croix Rousse n’est encore qu’une étape de travail mais elle est déjà riche d’une exploitation originale des documents, témoignages et études du Nimis Groupe.

 

Une économie de la migration

« Ce n’est pas un spectacle qui porte sur la figure du migrant mais qui s’attaque au mécanisme économique européen. » explique souvent Patrick Penot lorsqu’il est amené à présenter ce spectacle. En effet, le Nimis Groupe dénonce un marché de la migration, très largement alimenté par l’entreprise Frontex qui développe une technologie de pointe employée à la surveillance et à la protection des frontières européennes très militarisées. Le message et le parti pris sont clairs mais le Nimis Groupe, s’il tente de rendre compte de ce mécanisme de façon compréhensible par tous, ne néglige par pour autant la complexité de la situation. Le Nimis propose une vision particulière de ce sujet brûlant et aujourd’hui sur-médiatisé – et qui ne l’était pas il y a cinq ans quand le collectif a commencé ses recherche – Le Théâtre permet, pour le Nimis Groupe de s’interroger autrement.

 

Jouer : entre fiction et réalité

Le travail du Nimis Groupe se base sur ce qui fonde le théâtre : le jeu.

Les artistes incarnent tous des personnages qui ont le même nom : Bernard Christophe. Au début du spectacle, une voix-off anglaise sous titrée en français explique les consignes de sécurité : Si la police ou les forces de l’ordre font irruption dans la salle, il faudra rire et applaudir tous ensemble, des acteurs feront semblant de jouer Le Songe d’une nuit d’été pendant que d’autres iront se glisser parmi les spectateurs. Lorsque plus tard dans le spectacle se fait entendre un signal d’alerte doublé d’une image de BD sur l’écran, aucun spectateur n’est dupe ou n’a peur mais tous entrent dans le jeu. Ce sont d’ailleurs les réfugiés qui restent sur scène et les Belges qui vont se cacher dans le public.

Le Nimis Groupe ne compte pas sur une participation émotionnelle du spectateur qui serait bouleversé par une figure pathétique du migrant. Le spectateur entre dans le jeu des comédiens qui interrompent soudain les scènes d’entretiens qu’ils reconstituent pour les commenter et les questionner.

Lorsqu’un comédien demande à sa partenaire s’il n’en fait pas trop, cette dernière lui donne des indications de jeu. Le buzzeur, à disposition des spectateurs et des acteurs pour toute question, est également utilisé pour les devinettes et le quizzdynamique sur Lampedusa. Ces moments, comme les scènes de construction et de déconstruction de clichés et d’idées reçues, dispersent des rires dans la salle, qui sont moins des marques d’adhésion que des rires teintés de malaise, décontenancés face à l’absurdité d’une réalité qui ne peut être décrite que par exagération.

Jamais, sauf lors du jeu de la police qui construit une adhésion artificielle du public pour la questionner, la salle ne rira d’un rire franc, unanime. Sans jamais donner à voir des scènes désincarnées ou caricaturales, le Nimis Groupe approche la réalité d’une façon décalée, et ce rapport au jeu mêle intimement fiction et réalité.

 

« Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite »

Cet avertissement, donné par la voix artificielle au début du spectacle, questionne l’authenticité des témoignages utilisés par le Nimis Groupe. Au cours de ce spectacle, les moments inspirés de faits réels teintés d’un peu de fiction rendent souvent mieux compte d’une réalité et d’un questionnement que la présentation de documents authentiques. En pointant du doigt le voyeurisme dont font preuve certains médias envers ces réfugiés ou la totale désincarnation à laquelle mène certains documentaires, le Nimis Groupe parvient à éviter l’un et l’autre de ces écueils.

Dans le bord de scène à l’issue de la représentation, les artistes font part de leur impossibilité à rendre des discours ou des scènes parfaitement authentiques. La fiction est bien souvent un moyen de rendre compte d’une réalité, parfois même, le détour de jeu permet aux membres d’intervenir pour témoigner de la véracité d’une situation, malgré son invraisemblance.Le Nimis Groupe n’essaye pas seulement de rendre compte de la réalité des procédures juridiques ou de nous donner à entendre des témoignages authentiques.

Avec ce spectacle, il crée de la réalité, il crée un moment authentique, et c’est certainement le plus important, dans cette salle, pendant une heure quarante, se trouvent des citoyens européens et des personnes en cours de régularisation, qui parmi les spectateurs comme parmi les acteurs jouent ensemble à cet étrange jeu, jouent au théâtre, pour tenter de comprendre le monde qui les entoure.

Le recours au jeu, la situation particulière des acteurs amateurs requiert une grande complicité scène/salle. Ce spectacle donne au spectateur une présence toute particulière, il partage la même temporalité, le même lieu, les mêmes questionnements que les comédiens.

 

Malvina Migné

 

http://www.lenvoleeculturelle.fr/le-nimis-groupe-pour-que-ceux-que-jai-rencontres-puissent-me-voir/

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